Concours Européen des Droits de l'homme Réné Cassin, édition 2021
Cette année encore, la faculté de droit de Saint-Etienne a participé au concours européen des droits de l’homme Réné Cassin.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore cette « course de fond », il s’agit ni plus ni moins du plus ancien concours francophone de plaidoiries sur le droit européen des Droits de l’Homme pour lequel chaque année, les universités françaises mais aussi internationales, s’affrontent par l’intermédiaire des plaidoiries de leurs étudiants.
Cette année notre faculté a été représentée par trois altiligériennes, inscrites en licence 3, comme le veut la tradition stéphanoise. Même si elles n’ont pas pu accéder à la finale, nous tenions à saluer leur belle prestation et vous présenter l’équipe composée de Chloé Gryta-Cornut, Julie Durand et Coralie Prévost.
De gauche à droit, Coralie Prevost, Chloé Gryta-Cornut, Julie Durand
Une équipe 100% Haute-Loire
Deux semaines après leur participation aux demi-finales, j’ai organisé un entretien en visio-conférence (covid oblige) avec l’équipe stéphanoise pour reprendre leur parcours et voir comment elles ont vécu cette année intense.
Pour cet échange je les ai sentis détendues, contente de partager leur expérience, qui vue de l’extérieur, semble extraordinaire : seuls ceux et celles qui ont connu le concours René Cassin, peuvent comprendre ce qu’elles ont vécues. Cette grande famille des Cassinistes, comme on la nomme, compte de nombreux membres à la faculté de droit parmi les enseignants et notamment le Doyen Baptiste Bonnet.
A Saint-Etienne c’est une tradition de proposer le concours en L3 tandis que les autres facultés n’hésitent pas à envoyer des masters, voir des masters spécialisés en droit européen des droits de l’homme. Cela n’empêche pas aux stéphanois de brider les premières places voir de remporter le concours.
Chloé Gryta-Cornut, Julie Durand et Coralie Prévost, ont représenté la faculté cette année, trois altiligériennes, qui viennent respectivement d’Aurec-sur-Loire, des Villettes et du Puy-en-Velay. Un cru 100% « made in Haute-Loire ».
Chaque année, c’est l’équipe qui a participé au concours l’année précédente qui devient coach et se charge de constituer le nouveau trio par le biais d’entretiens. Ils permettent de déceler la motivation, la culture générale, l’aisance à l’oral, la répartie des candidats, pour former la meilleure équipe possible.
Pour Coralie, membre du Collège de droit, ce concours est un objectif depuis qu’il lui a été présenté lors d’un salon de l’étudiant, alors qu’elle était encore lycéenne. C’est naturellement qu’elle a présenté sa candidature et a su montrer toute sa motivation pour être sélectionnée.
Pour Chloé et Julie, l’histoire est nettement différente. Toutes les deux amies, elles n’étaient pas spécialement investies dans la vie étudiante durant leurs deux premières années de licence. C’est lors du passage des membres de l’association DUDH (association qui permet de passer le concours) en amphi, expliquant qu’ils rencontraient actuellement les derniers candidats, qu’elles se sont lancées le pari d’y participer. Juste pour voir.
Chloé s’est présentée à l’entretien la première, faisant face au stress, tandis que Julie attendait son tour devant la porte. Une entrevue intéressante qui l’a poussée dans ses retranchements, mais de laquelle, elle ne le savait pas encore, elle venait de gagner sa place.
Julie quant à elle s’est « dégonflée », pour reprendre ses termes, juste devant la porte et n’a pas osé passer l’entretien…
L’annonce de l’équipe qui participerait au concours Renée Cassin a été dévoilée le soir même, équipe dans laquelle Julie n’apparaissait évidemment pas.
Prise de remord elle décida quand même de contacter les membres de l’association pour demander s’il n’était pas possible de remédier à cela en passant quand même un entretien. Et comme par miracle, la troisième candidate sélectionnée décida de se désister dès le lendemain des annonces.
Julie passa donc les entretiens, plus motivée que jamais, pour rejoindre enfin l’équipe René Cassin.
Moralité, ne jamais renoncer à quelque chose qui vous plait.
Découverte du concours et des cassinistes :
Chaque université présente en septembre une équipe composée de trois étudiants. Ils doivent rédiger un mémoire sur une problématique donnée. Ce sont en général des problématiques qui sont sujettes à débat, innovantes, qui ne sont pas encore réglées.
Les équipes défendent un point de vue définit par les organisateurs du concours Cassin. Soit celui du requérant (personne dont les droits sont présumés violés) ou celui de l’Etat défendeur qui est donc l’Etat sur le territoire duquel la violation a apparemment eu lieu.
Pour rédiger ce mémoire il a fallu à nos trois représentantes apprendre à se connaitre, à travailler en équipe et en autonomie.
Pendant cette période, compliquée également à cause des restrictions liées à la crise sanitaire, elles ont travaillé d’arrache-pied et découvert ce qu’est la « grande famille du concours Cassin ». Il y a bien entendu les coachs qui sont très investies, mais aussi les anciens participants du concours qui apportent leur aide, par une relecture du mémoire ou une présence aux plaidoiries d’entrainement. A Saint-Etienne, où le concours est une institution, il y a également les enseignants de la faculté qui connaissent la difficulté du concours et apportent un véritable soutien et une attention particulière aux cassinistes.
La rédaction du mémoire est très importante car c’est sur cette base qu’elles seront autorisées à plaider lors des demi-finales. En temps normal les plaidoiries se déroulent à Strasbourg à la Cours Européenne des Droits de l’Homme,
Le concours est une apporte beaucoup d’expérience au niveau de l’autonomie, car même si elles sont encadrées, guidées par les coachs, elles ont la totale liberté sur la rédaction. Ce sont elles qui ont pris les décisions et qui se sont imposé un rythme de travail.
Du mémoire à la plaidoirie :
Sur la base du mémoire elles ont été sélectionnées pour participer aux demi-finales, le moment de la plaidoirie.
Cette année étant particulière, les plaidoiries ont eu lien en visio-conférence, ce qui ajoute un stress supplémentaire lié à la technique.
Naturellement la faculté a mis à leur disposition une salle et du matériel pour être sûr que tout fonctionne correctement et que rien ne vienne gâcher leur travail colossal.
Pour la plaidoirie, l’équipe est composée de deux plaideurs et un conseiller juridique. Ce sont les coachs qui définissent les rôles, en fonction de la sensibilité des candidats.
Pour cette année, Coralie et Julie ont été désignées en tant que plaideuse et Chloé en tant que conseillère juridique. Une organisation qui leur correspondait assez car le conseiller juridique est celui qui gère les plaidoiries, sans intervenir à l’oral. Il doit faire preuve de calme, de rigueur et d’organisation pour soutenir au maximum les plaideurs. Un rôle parfait pour le caractère calme et tempéré de Chloé.
La demi-finale s’est déroulée sur deux jours, avec une première plaidoirie face à l’Université de Ljubljana, la seconde face à l’Université de Toulon.
C’est donc en tenue d’avocat, face à une caméra et au jury sur rétro-projecteur, que Julie, Coralie et Chloé ont réalisé leurs plaidoiries.
Deux belles prestations se sont soldées par une 18e place sur 40, dans un classement très serré, devant les deux universités qu’elles ont affronté en direct.
Etat d’esprit et implication
Oui, le concours Cassin demande un réel investissement de la part des candidats, et les filles ne m’ont pas caché qu’il y a eu des moments de doute et d’extrême fatigue.
Même si elles disposaient d’aménagements d’emploi du temps et de dispenses de cours, il faut tout de même gérer en parallèle du concours les révisions pour les évaluations pour ne pas rater son année.
Mais c’est un investissement qui permet de gagner tellement plus. Ce concours les a fait grandir de façon extraordinaire en un an. Par rapport à leurs compétences grâce à une grande faculté d’apprendre, dans leurs connaissances juridiques, leur aisance à l’oral, leur capacité d’adaptation etc…
Surtout, elles ont grandi humainement, avec le travail en équipe, en autonomie, elles ont pris leurs responsabilités et ont fait preuve d’abnégation pour réussir. Et même si cette année a été éprouvante, elles seraient prêtes à refaire le concours encore une fois pour revivre une telle expérience.
Bref le Concours Européen des Droits de l’Homme René Cassin est une aventure extraordinaire, une chance unique de participer à un concours international.
Pour tous ceux qui auraient peur de se lancer, sachez que ce concours n’est pas réservé aux « meilleurs étudiants » scolairement parlant, mais aux plus motivés. Par contre il fera de vous après un an de vrais juristes avec une longueur d’avance sur beaucoup.
Et pour rassurer ceux qui auraient peur de se lancer par rapport à leur année de L3, sachez qu’aucun étudiant qui a participé au concours Cassin n’a redoublé son année…
Encore bravo à Julie, Coralie et Chloé qui feront de formidables coachs l’année prochaine.
De gauche à droit, Maëlle Crozier-Drevetie Coralie Prevost, Chloé Gryta-Cornut, Julie Durand, Dragan Mathieu (Coach)
Maxime Gay